MARTROR

Le tournant de l’automne à l’hiver annonce le temps de

Martror est la fête des Martyrs (Toussaint).

Pézenas la confond avec le Jour des Morts.

Martror est fêtée le samedi suivant les vacances de Toussaint (début novembre).

MARTROR, la fèsta dels Mòrts

Depuis les origines de l’humaine condition, la fête des morts interpelle.

Sa célébration est une date qui compte dans l’humanisation des humains.

Notre espace occitan a la chance d’avoir vu toutes sortes de peuples et de cultures célébrer ce rituel. Cette expérience nous aide à impulser une fête des morts digne du XXIe siècle ou, au moins, à nous demander pourquoi ce dialogue avec les morts fait encore peur alors qu’il a été inspiré par la vie pour la vie ?

En Occident, cette fête est synonyme de deuil et de tristesse, alors qu’en d’autres lieux ou d’autres temps, elle peut ou a pu être joyeuse, initiatique, contagieuse ou paillarde.

« Lo çaganh (charivari) de Martror » fait feu de tout imprévu : les bruits du grenier, les étoiles filantes ou les feux-follets qui seraient l’âme des morts échappés du purgatoire…

Les imaginations s’enflamment et les esprits des sources, des bois, des grottes, des carrefours viennent au rendez-vous en réveillant dans les mémoires des noms qui, confusément, font craindre tel ou tel déboire, car ces paurs (peurs) ont des rôles précis : romecas, fadas, babaus, dracs, damoiselas, gripets, mitonas… Le cortège se fond alors aux frais macchabées, aux spectres de la chasse sauvage, aux pleureuses, aux figures du Memento Mori.
Parmi les vivants, seuls, los endevinaires les reconnaissent, los mascs les manipulent, los armièrs savent leur parler.

L’invisible fait étonnamment partie du quotidien car chacun sait que dans l’ombre de son prochain un double veille. Aussi, lorsqu’on le croise et qu’on le salue, l’usage veut qu’on lui dise, même s’il est tout seul : « Bonjorn a tu… e a la companhiá !».

Martror joue à renouer l’équilibre entre les forces de vie et les forces de mort : le seul équilibre qui puisse assurer à long terme la survivance des échanges entre la Nature, le groupe humain et le sacré.

Déchiffrer les moyens de parvenir à un équilibre matériel et immatériel est ardu; et les fantasmes de l’immortalité vont durement se heurter à l’implacabilité de la Mort.

Encore une fois, c’est la capacité de notre Totem, lo Polin, à passer à travers les mondes qui nous guidera dans notre initiation. Il nous mènera auprès d’Aïnaï, notre déesse, qui nous offrira un dernier repas avec les âmes de nos défunts, l’apast.
Rassasiées, celles-ci nous laisseront afin de poursuivre leur pérégrination.
Une pensée les accompagnera, accrochée à une beluga stellaire.


Crédits photos :

    • Gripets, Macchabées, Chasse Sauvage, Pleureuse, Apast/Beluga → Olivier Lebaron
    • Memento Mori → Myriam Combelles
    • la Mort, Aïnaï, lo Polin-Cénotaphe → Eric “Panoramix” Baudou

Affiches : Gérard Garcia

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