SANT-BLASI

Le tournant de l’hiver au printemps appelle le saint protecteur de la cité,

Le jour de Blaise est le 3 février.

Il est fêté le samedi le plus proche de cette date.

Blaise (Blasi en occitan) est le spécialiste du souffle, il guérit les maux des voies respiratoires; il est le maître des animaux sauvages, le patron spirituel des métiers de la laine, du chanvre et du lin.

Sa présence sacrée à Pézenas remonte au bas Moyen-Âge, époque où les foires de Pézenas et de Montagnac jouissaient d’une réputation européenne, en particulier pour le commerce des draperies.

SANT BLASI, ouverture de la Temporada de Carnaval

La tradition raconte que le 2 février l’ours quitte sa tuta et que toute la vie végétale et animale entre en émois : les bourgeons des amandiers vont éclater, les brebis retrouvent leur lactation, les cervidés perdent leurs cornes, les serpents “dés-hivernent“ et récupèrent leur venin …

La figuration de ce réveil tient dans la métaphore du retour des Hommes et Femmes sauvages ; ceux- ci partent alors à la rencontre de leur protecteur.

Blasi est appelé à sortir de la Collégiale. Il apparaît monté à revira-cuol sur un âne, pour entraîner l’hiver, les moqueries humaines et les impuretés sociales à la réforme du printemps. Ainsi installé il part récupérer les clés de la ville pour l’ouvrir au grand désordre carnavalesque.

Ces clés, ce sont les Capitols qui les détiennent, les dirigeants grotesques des quartiers qui ne souhaitent pas voir le Carnaval descendre dans la rue. Les clés récupérées, Blasi délivre l’esprit des lieux insufflé par Aïnaï, déesse tutélaire de la cité primitive.

Peut venir alors le temps du rite : un Souffle immense parcourt l’univers; il préside à la migration des âmes, celles des morts qui partent, celles des enfants qui viennent naître, celles qui acceptent mal cette loi du changement et qui voudraient rester.

Cette énergie impétueuse est incarnée par le Poulain (lo Polin), animal totémique de Pézenas,“dragon” psychopompe (guide des âmes) qui fait et défait les mondes. Chargé de l’esprit des lieux (vin, petit pâté et Carnavalina

le souffle de la dérision propre aux carnavaleux) délivré par Blasi, lo Polin entraîne la ville dans des danses qui font souffle de tout air : voix, flatulences, respiration

C’est le triomphe de l’Enthousiasme , « le transport divin », qui rend visible l’invisible.

Au delà du froid et du chaud, au delà de la “mort” et de la “résurrection” de la nature, la temporada de Sant Blasi joue le face-à-face de la mort et de la vie, le grand miracle de « l’éternel retour » : la remontée sensible de la lumière, la poussée de la sève, la révélation de la sensualité, la crue des imaginaires et des prophéties…

« Febrièr, lo mes lo pus cort de totes e lo mai coquin ! » dit-on en langue d’Òc.


Crédits photos :

    • Ours, Sant Blasi, Capitols, Polin, Respiration → Olivier Lebaron
    • Femme végétale → Stéphane Bonnaric
    • Homme sauvage, Aïnaï → Eric “Panoramix” Baudou

Affiches : Gérard Garcia

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